mercredi 27 novembre 2013

la fin d'un autre séjour

Ai tout le monde


Je repart déjà du Nord pour y remonter en janvier à Puvirnituq et ce billet sera mon dernier billet quotidien du nord. J'y réécrirai peut-être de façon occasionnelle mais ce ne sera plus quotidien. Je suis très contente de retrouver les gens que j'aime et de quitter l’hôtel ou je vis depuis trois semaines entourée de gars de construction qui me font des belles remarques comme «Ouai, t'es la seule femme de l'hotel!» «Tu nous fait-tu un bon dessert a soère?!»  et des délicates déclarations du genre «Ya tu des maisons d'inuits qui puent pas?!» Ah lala!  Je vous laisse sur des belles images des alentours d'Akulivik...Ahh je m'ennuie déjà de l'immensité et des paysages qu'on retrouve ici!

 Je vais aborder un thème délicat en parlant du génocide que le Canada a fait et continue encore de faire contre les peuples autochtones et les inuits. En étant au Nord et en travaillant avec les inuits je me rend compte que ce peuple est souvent oublié du reste du Canada, est oublié du gouvernement fédéral de notre cher Steven Harper. Saviez-vous que récemment il est allé à la mine Raglan qui est située à proximité de deux communauté inuits et qu'il ne s'est pas donné la peine de les visiter? Saviez-vous que le gouvernement du Canada a stoppé la construction de logement sociaux pendant six ans à la fin des années 1990 et a ainsi créé l'immense pénurie de logement que connaît actuellement le Nunavik et qui exacerbe maintes et maintes problématiques? Saviez-vous qu'actuellement des pressions sont faîtes pour que le gouvernement soit formellement accusé de génocide? Oui, notre bon Canada, le plusss meilleur pays du monde et son génocide personnel. Je voulais écrire plus en détail sur ce sujet mais pour ceux que ça intéresse je vous laisse lire (en anglais) cet article http://www.huffingtonpost.ca/2013/10/18/genocide-first-nations-aboriginals-canada-un_n_4123112.html

Quand on se rend compte de tout ça, on se demande mais pourquoi? Comment on peut être aussi foncièrement indifférent au bien-être de ces populations? Les ressources naturelles sont la clé de cette réponse. Une infirmière très avisée m'a dit tu sais, il est plus facile de faire des accords et de faire des ententes avec des populations peu scolarisées, des populations démunies et souvent sous l'effet de l'alcool... (Okay, ça sonne un peu comme une théorie du complot, allo frérot! mais quand même c'est tout à fait plausible!) Ce ne serait donc pas pour rien que le gouvernement du Canada fait preuve d'un laxisme aussi flagrant et évident envers ces populations, c'est justement parce qu'il veut les maintenir dans un perpétuel état d'infériorité pour mieux les manipuler mais bon ce n'est qu'une théorie... On dira aussi que ces peuples doivent se prendre en main par eux-mêmes aussi mais ce n'est pas facile avec tout ce qu'ils ont subi...  bref y'a toujours du positif... Je vous laisse sur ce joli petit vidéo qui m'a beaucoup émue. Il pourrait aussi bien s'agir de jeunes inuits...
http://www.wapikoni.ca/films/corriger-le-tableau
Atsunai!
Taima! (c'est finit)




jeudi 21 novembre 2013

Quelques croyances...

Ai!
Il ne me reste déjà plus beaucoup de temps au Nord pour ce séjour-ci, je repars déjà la semaine prochaine et j'y reviendrai fin décembre. Ce sera probablement l'un des derniers billets «régulier» de mon blog également car je trouve de moins en moins le temps d'y écrire. La semaine prochaine, je termine ça en beauté en vous parlant du génocide que continue de faire notre beau pays envers les populations autochtones. Cette semaine j'aborde un thème différent en lien avec les croyances des inuits mais qui est selon moi tout à fait intéressant. Je ne parlerai pas de l'ensemble de la cosmologie inuit car je la connais peu (comme malheureusement la plupart des inuits actuellement) mais seulement de certains éléments. Oh en passant voici un joli petit court métrage à regarder sur ce thème, l'oiseau blanc que vous y verrez est supposément délicieux...



Un homme inuit m'a dit cette semaine les gens qui font de la construction à tel endroit ont été surpris par des petits esprits appelés tuurngait (je crois). Ce sont de petits esprits qui gardent la terre. Ils auraient dit aux gens de la construction quelque chose comme «Que faîtes-vous de notre terre, cessez de lui faire mal! » (en inuktitut) et les hommes auraient eu tellement peur qu'ils se sont enfuis. Cet homme, un monsieur tout à fait sain d'esprit qui est allé à l'université (ce qui est très rare ici) me racontait cela tout à fait sérieusement. Il paraît même que ces petits esprits s'amusent parfois à déplacer vos choses si vous aller camper dans la toundra. Toute cette histoire et le sérieux avec lequel elle me fut racontée m'a donné le goût de m'intéresser à ce qui faisait et fait encore partie des croyances des inuits bien avant que les blancs viennent les coloniser en leur imposant le christianisme.

Ce n'est pas un thème que les inuits abordent facilement parce que c'est un sujet qui est parfois considéré comme tabou mais qui ne devrait pourtant pas l'être.. Saviez-vous qu'ici quand quelqu'un meurt on donne encore souvent son nom à un bébé naissant. Par exemple, j'ai su que le premier bébé né inuk après la mort
du policier blanc Steve Déry à Kuujuaq en mars avait hérité de son nom. Il arrive donc que plusieurs personnes dans la communauté aient le même nom et prénom car ils furent nommés par le nom d'un ancêtre reconnu. Cela vient d'une pratique ancienne qui découlait de la croyance que la personne décédée ait choisi de se réincarner dans le corps du nouveau-né et que le nouveau-né pouvait hériter de ses qualités physiques et spirituelles. Donc, les ancêtres continuaient d'être respectés à travers le corps des enfants. C'est une pratique qui a encore court de nos jours. Par ailleurs, les noms de familles sont tout récents pour les inuits et ont été imposés par les autorités canadiennes après le fameux système des numéros.

                  Tambour inuit
           sculpture d'un chaman qui danse 


Il y avait des chamans aussi autrefois au Nunavik et leur rôle était multiple mais principalement le chaman était la pour créer le pont entre le monde visible et le monde invisible, le monde des esprits. Le chamanisme se caractérise par le culte de la nature et la croyance aux esprits. Il se manifestait souvent par des cérémonies avec des danses et du tambour et leurs danses racontaient les histoires des esprits ou célébraient seulement le retour des chasseurs.
Selon la pensée inuit, l’univers (silajjuaq) est occupé par les êtres vivants (humains, animaux, végétaux), les défunts et les esprits (tuurnngait) qui occupent chacun des mondes différents mais inter-pénétrants. Tout être vivant est pourvu d’un anirniq «respiration, souffle vital» qui, à la mort du sujet, intègre un nouveau corps animal ou humain. La conception du monde inuit représente un continuum, où chaque élément fait partie d‘un tout
                                                                                              Sedna, déesse de la mer

Tout ce qui vit était très important pour les inuits et l'est encore pour certains. Les inuits étaient tellement dépendants de la nature pour survivre qu'ils ont développés une relation particulière et un respect profond de celle-ci. Il n'y avait pas d'Halloween dans le calendrier traditionnel des inuits mais plutôt « Nurraliut » (la naissance des caribous), « Akunnaituq » (le temps où les peaux de caribous sont parfaites pour la confection de vêtements), « Amiraijaut » (quand le panache des caribous tombe). C'est donc dire que tout tournait autour des animaux et de la nature. Encore aujourd'hui, j'ai rencontré beaucoup d'inuits qui déplorent le fait que leur terre est et sera saccagée avec les mines. Le respect de la nature est une valeur importante pour plusieurs d'entre eux comme pour les peuples autochtones... Par opposition aux Inuits et autres populations autochtones, on peut dire que le rapport que nous entretenons avec l'environnement en est un de force et de domination pour en extraire les richesses et s'en servir de façon utilitaire...

Bref, ce n'est qu'un bref survol de la complexité et de la différence des croyances des inuits qui sont malheureusement assez perdues aujourd'hui mais dont il subsiste quand même quelques traces parfois ici et la... Au détour d'une conversation un inuit vous dira que la vague de suicide au Nunavik est liée aux mauvais esprits, un autre vous dira que les chiens qui vous suivent choisissent de vous protéger et une autre viendra essayer de vous vendre une peinture de Sedna la déesse de la mer...
C'est vraiment un autre monde... :)
Atsunai!

mercredi 13 novembre 2013

Akulivik à la dérive

Ai!
À première vue, c'est l'expression qui me vient à l'esprit quand mes premières impressions ont été faîtes sur Akulivik. C'est un village à la dérive. Chaque village est différent, je commence à m'en rendre compte. Vous vous souvenez ma photo avec les community worker d'Inukjuak? Je les ai quitté à regret, je m'étais attachée à eux... Ici, les community worker ont un fort taux d'absentéisme. Une d'elle a d'ailleurs des problèmes personnels importants comme l'ensemble de la communauté. How do you do without them?? que j'ai demandé à Earl le travailleur social que je suis venu supporter jusqu'à la fin du mois, et il m'a répondu quelque chose comme je me débrouille!

Earl est un drôle de bonhomme, un monsieur originaire de St-Vincent les Grenadines (je ne savais même pas ou c'était!) mais c'est une petite île des Antilles et il s'est ramassé à travailler dans le nord québécois! Il ne dort pas la nuit ou presque, a déjà fait un marathon de danse à Inukjuak ou il aurait pu mourir pour éveiller les consciences sur le suicide et a d'ailleurs brisé un record du monde. Ça a beaucoup touché les gens d'Inukjuak. Vous pouvez voir le lien ici ; http://www.nunatsiaqonline.ca/stories/article/65674in_nunavik_one_mans_dancing_just_to_stay_alive/
C'est un drôle de spécimen avec un vécu particulier comme on en retrouve souvent au Nord, un jour il faudra que je vous parle davantage des travailleurs que je croise ici car ils sont souvent particuliers, parfois dans le bon sens et parfois dans le mauvais sens... En passant, voici des images de reste de morse ou de phoque qui fut tué et laissé à l'abandon pour le grand plaisir des oiseaux...

Bref, imaginez que vous arrivez dans une communauté ou il n'y a pas eu d'employé à la poste depuis deux semaines parce que personne ne veut travailler et que poste canada suite aux plaintes a du faire venir quelqu'un d'un autre village pour y travailler. Ça en dit long. Il n'y a pas non plus de community wellness ( un travailleur inuit censé travailler sur des projets communautaire pour amener le mieux-être de la communauté ). Le dernier aurait été renvoyé pour avoir utilisé les fonds mis à sa disposition de façon malhonnête. La maison des jeunes est couverte de graffitis, il y aurait eu des viols, des passes de drogue et lorsque nous y sommes passé elle était barrée alors qu'elle devait être ouverte pour les jeunes de la communauté. Il n'y a pas de refuge pour femmes non plus ici donc les femmes doivent prendre l'avion pour quitter leur conjoint violent. En un sens, ça a du bon. Les femmes doivent réellement s'éloigner géographiquement de leur conjoint...

Il y a eu des événements très durs cet été à Akulivik. Un jeune s'est tiré devant pleins d'autres gens dans la rue dont des enfants. Il y eu également une fusillade impliquant un homme et des policiers, il paraît que ça ressemblait au far west et finalement ça s'est terminé avec la mort de l'homme qui tirait. Dans le dernier mois, il y a eu beaucoup de violence, des viols également... Traumatismes sur traumatismes qui ne sont jamais résolus et jamais guéris, ça ne donne pas de bons résultats. Une équipe de psychologue viendra début décembre pour rencontrer les jeunes ayant été victime du suicide cet été mais c'est un peu tard non? On m'a dit «les gens d'Akulivik ont abandonné» mais, je refuse de penser qu'il s'agit de l'ensemble du village. Quoiqu'on m'ait dit que les gens du CLSC ont fait l'exercice d'essayer de trouver au moins cinq familles qui vont bien dans le village sans y parvenir...

Je réside à l’hôtel flambant neuf pour le reste du mois de novembre et j'ai vu passer la facture. C'est 4700$ qu'il en coûte au centre hospitalier pour m'héberger ici en raison de manque de logements. Ma boss m'a dit que je valais chaque sous dépensé, jolie remarque non? Je fais la cuisine avec des gars de la construction, étant la seule femme de l’hôtel. On peut dire que ça fait des conversations «spéciales» parfois...

Je vous laisse avec ce petit vidéo et images que j'ai pris des alentours d'Akulivik, tout ce que vous entendrez c'est moi qui dit «as you can see» mais je disais aussi qu'il y avait beaucoup de vent !
Atsunai!

jeudi 7 novembre 2013

Akulivik

Ai tout le monde!                                                                                                    
J'aimerais bien vous dire que l'Halloween a été intense et que nous avons eu trop d'enfants pour le nombre de bonbons que nous avions acheté mais ce n'était pas le cas malheureusement! Bien que ma collègue Janie ait annoncé sur le groupe facebook d'Inukjuak que la maison ou nous allions être allait avoir des bonbons, il semblerait que peut-être les enfants avaient une certaine gêne d'aller «trick or treating» à une maison du centre de santé? On a quand même eu une quarantaine d'enfants. C'était drôle de voir des petits monstres sur motoneige. Autre différence culturelle bien sur les enfants ne sonnent pas et entrent tout simplement dans la maison!   Selon nos collègues inuits on aurait du l'annoncer à la radio du village également pour avoir plus de popularité. Les groupes facebook de villages sont très populaires au Nunavik. En gros c'est un groupe ou tout les habitants du village peuvent poster n'importe quoi. Un tel postera qu'il a des hamburgers à vendre ce midi (oui, oui!), une autre postera qu'elle vient de terminer des boucles d'oreilles qui sont à vendre, ce parent lancera un appel à tous pour savoir qui a volé les nouveaux pantalons de neige de son fils, ect. C'est cocasse mais très utile.                          
 Janie qui attend les enfants...


Deux TS bien déguisées! 

Je vous écris en direct d'Akulivik, un nouveau village! Ce village s’appelle ainsi parce qu'il a la forme du kakivak (harpon). J'ai volé aujourd'hui d'Inukjuak à Akulivik. J'aurai vraiment du avoir mon appareil à bord car la toundra enneigée et le coucher de soleil étaient magnifiques. Je suis à Akulivik jusqu'à fin novembre et après c'est mes vacances pour quatre semaines. Normalement, il n'y a qu'un travailleur social à Akulivik parce que c'est un petit village mais depuis l'été plusieurs drames ont eu lieu dans ce village et ma coordonnatrice a jugé bon de m'envoyer en support. J'ai entendu dire que c'était un village dur, beaucoup d'inceste, beaucoup de violence de toutes sortes et cela m'a été confirmé par plusieurs personnes. Je vous dirai si je le remarque. C'est un petit village, le plus petit ou j'ai été à date et un village très récent dont la création date de 1975. C'était un ancien poste de traite selon ce que j'ai lu qui avait été abandonné et des familles se sont remises à y venir habiter en transportant eux-même des maisons par bateaux et motoneiges (!) On m'a dit également que plusieurs personnes qui avaient été jetés dehors d'autres villages des alentours se sont ramassées à Akulivik. Oui, une communauté peut décider de jeter quelqu'un dehors du village tout simplement. Ça expliquerait peut-être pourquoi c'est un village considéré dur par les gens que j'ai rencontré... À suivre

         Chien d'Inukjuak                                                                                  
                                                         
Mon contrat de remplacement de la travailleuse sociale des personnes en perte d'autonomie s'est terminé mardi. Saviez-vous que dans la culture inuit, les personnes âgées avaient anciennement une place très importante et qu'ils étaient très respectés? C'est encore le cas mais ce n'est plus disons majoritaire. J'ai vu du money abuse comme on dit ici, de l'abus financier. J'ai vu un aîné en dénutrition tellement il était abusé financièrement. Un bémol cependant, cet abus financier existe au sud également, de même que la violence verbale envers les aînés. C'est loin d'être une problématique nordique et c'est beaucoup plus facile de le savoir et de le voir ici car tout le monde se connaît, et tout finit par se savoir ce qui est bien dans un sens car c'est moins caché qu'au sud et que ça permet de plus rapidement intervenir.  C'est si facile de prendre le chèque de la vieille grand-mère, d'aller le changer à la COOP et de se peter la face avec sa rente... C'est si facile d'aller squatter chez la grand-mère quand on a pas de maison et ainsi de la laisser payer le loyer et la bouffe...

 Vous savez quand des inuits changent et adoptent des comportements des blancs on dit qu'ils sont «blanchis». Les vieux inuits ne mentent jamais parce que les anciens ne mentaient pas mais les jeunes mentent alors on dit qu'ils sont «blanchis». Les aînés du Nunavik ont beaucoup à apporter aux jeunes. J'ai vu une vieille femme qui se soignait elle-même avec de la médecine inuit mais les jeunes ne savent pas ce que c'est. Le savoir traditionnel des aînés est précieux. Comme le dit le proverbe africain, un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle et c'est aussi vrai ici. Saviez-vous que l'espérance de vie d'un inuit s'établissait en 2001 à 63 pour les hommes et 72 pour les femmes?! C'est un écart d'environ 10 ans avec les autres canadiens... Inégaux dans la vie, inégaux dans la santé et inégaux dans la mort!
Je vous reviens la semaine prochaîne! Astunai!

mercredi 30 octobre 2013

Neige, inuksuit et adoption traditionnelle




Ai tout le monde! La neige est arrivée la semaine passée! Ça fait des beaux paysages comme vous pouvez le constater sur ces photos...


 J'ai beaucoup de chance de pouvoir travailler ici et par le fait même de visiter ce coin de notre province si joli. En fin de semaine nous sommes allés à un Inukshuk non loin d'ici. Un petit bébé chien tout mignon a choisi de nous accompagner aussi. Il était adorable comme vous pouvez le voir.... Vous connaissez surement l'inuksuk ce symbole bien connu typique des peuples de l’arctique. Je ne sais pas si celui d'Inukjuak en est un à proprement parler car sa forme n'est pas celle d'un homme mais bon. Le mot Inukshuk veut dire «à l'image de l'homme». On se souvient qu'Inuk veut d'ailleurs dire homme en Inuktitut. Bref, l'inukshuk peut avoir plusieurs significations. On dit parfois qu'il est un point de repère dans la toundra, parfois qu'il identifiait une cache à nourriture ou qu'il aidait a donner des directions pour la chasse au caribou. C'est un symbole important pour le Canada (si au moins les inuits pouvaient l'être autant). Le Canada s'en est d'ailleurs servi comme emblème pour les jeux olympiques d'hiver de Vancouver en 2010. Fait important à savoir, on s'est fait dire de ne pas construire nous mêmes nos propres Inukshuk. Étant donné que chacun ont servi ou servent encore a quelque chose dont souvent les blancs n'ont aucune espèce d'idée, nous ne nous devons pas d'en construire un peu partout pour faire joli. Ce n'est pas n'importe quel amoncellement de pierres et nous nous devons de respecter cela...





Je voulais vous parler d'un élément intéressant de la culture inuit. Il s'agit de l'adoption traditionnelle qui est encore très pratiquée ici. En fait, si une femme à un enfant et qu'elle n'en veut pas à ce moment de sa vie, elle peut choisir de le «donner» à sa sœur, sa mère ou même une amie ou une personne de confiance. Après l'enfant grandit dans sa famille adoptive en sachant très bien qu'il a été adopté. Il connaît ses parents adoptifs mais considère ses parents comme étant ceux qui l'ont élevé. C'est une pratique très fréquente. Cela mène parfois à certaines... comment dire pressions sociales. Je m'explique, le fait d'être «choisi» pour l'adoption est un honneur donc refuser n'est pas vraiment bien vu, ni accepté la plupart du temps. Donc parfois ça pousse des gens à accepter sans qu'il ne le veulent vraiment.
Cependant, en général selon ce que j'ai pu observer c'est très bien vécu pour la famille qui adopte, l'enfant adopté et la famille biologique. Il n'y a pas la notion d'«abandon» car le bébé qui est donné est voulu par la famille adoptive et sa vie est importante pour les parents biologiques. La travailleuse sociale que je remplaçais à Salluit était dans la communauté depuis au moins 4 ans et une dame lui a donné son bébé en adoption traditionnelle. Attention cependant c'est un cas rarissime car les inuits donnent en adoption à d'autres inuits et pas à des blancs.Les inuits aiment beaucoup les enfants et il n'y a aucun stigmate lié au fait d'être adopté. Je trouve que c'est un aspect intéressant de la culture...

Par ailleurs, je ne sais pas si je serai encore à Inukjuak la semaine prochaine... Mon contrat se termine et je ne sais pas encore si je redescend ou si on m'affectera dans un autre village, c'est à suivre. J'essayerai de vous parle un peu plus des problèmes que j'ai pu constater en travaillant auprès des aînés la semaine prochaine si j'ai accès à internet! Aussi, c'est l'Halloween demain! Il paraît que c'est assez intense ici comme fête. Je me suis trouvé un déguisement, nos sacs de bonbons sont prêts mais on en aura probablement pas assez avec la quantité d'enfants qu'il y a dans le village.... À suivre! Atsunai!

mardi 22 octobre 2013

Short and sweet

Ai!
Déjà ma troisième semaine qui débute à Inukjuak! J'étais de garde en fin de semaine et c'était assez tranquille. Voici une photo de Monique, une de mes collègues qui s'en va en vacances cette semaine qui me permet de vous montrer les gens avec qui je travaille. Dans l'ordre de gauche à droite il y a Aulla tout d'abord qui est bien gentille et qui nous prépare de la banique de temps en temps. Ensuite Monique qui s'en va en vacances et puis Elisapie la fille d'Aulla qui travaille beaucoup avec moi au programme de personnes en perte d'autonomie et Ituk qui travaille aussi comme travailleur de communauté avec nous et qui est un grand farceur. Il attache parfois mes lacets de bottes ensemble, vous voyez le genre? Les inuits aiment bien rire et rire avec vous! Bref, ce sont des gens très sympathiques. Je me dis souvent que ce n'est pas facile pour eux de toujours s'adapter à de nouvelles personnes constamment mais ils le font et demeurent ouverts.

Les community worker travaillent avec nous pour nous aider au niveau de la langue, de la culture et de la connaissance de la communauté. Pour moi, qui travaille présentement avec les aînés qui ne parlent qu'inuktitut, avoir un community worker avec moi est essentiel. Je ne peux pas intervenir sans eux. Les plus jeunes inuits parlent souvent anglais donc ça aide mais attention les community worker sont la également parce qu'ils connaissent la communauté, ce qui n'est pas mon cas. Ils connaissent la culture inuit également beaucoup mieux que moi qui est une Quallunaat.  Deux de nos community worker sont d'ailleurs en formation cette semaine à Purvinituq. Ils ont accès à cette formation qui leur donnera une certification lorsqu'elle sera terminée.

Je vous fait ça bref cette semaine mais saviez-vous que pendant que le sud parle de la charte à n'en plus finir, la situation des peuples autochtones est dénoncée par le rapporteur de l'ONU. Je le cite ; «C'est la crise au Canada». Voici un article sur le sujet ;  http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/390067/peuples-autochtones-c-est-la-crise-au-canada-dit-le-rapporteur-special-de-l-onu
Saviez-vous également que selon l'assemblée des premières nations, environ 600 femmes autochtones ont été assassinées ou portées disparues depuis les deux dernières décennies et que cette même assemblée revendique une commission d'enquête nationale à ce sujet ce qu'Ottawa refuse... C'est un peu plus grave que quelques femmes musulmanes voulant travailler et porter le voile non? En travaillant ici et en constatant ces inégalités importantes entre le nord et le sud et les autochtones et les blancs, j'en viens à me demander pourquoi la population du Québec et du Canada en général n'est pas plus concernée par cette problématique...Je m'interroge, me questionne et finalement je dirai que ça me fâche presque...Bref, je ne «péterai pas une coche» sur ce thème même si j'aurai tout à fait envie de le faire!
Je vous reviens la semaine prochaîne!
Atsunai!

mardi 15 octobre 2013

Les déportations d'Inukjuak

Ai tout le monde!
Me revoici!  Je suis maintenant dans la maison de la dame que je remplace pour le mois à venir et ma première semaine est déjà passée. Je vous présente ma coloc pour les semaines à venir....

Elle a du poids à perdre et de la misère a se laver mais elle fait une présence amusante. Un collègue inuit est entré dans la maison et m'a dit quelque chose comme ; «Tu n'as pas besoin de nourrir le chat, il aura assez de graisse pour le mois à venir!» Les inuits ne voient pas toujours les animaux comme nous. Il arrive que des mitaines vendues à la COOP soient faites en peau de chien...

En parlant de chien j'en ai rencontré une bien sympathique en me promenant un peu aux alentours du village en fin de semaine, la voici. Je l'ai surnommée Ilanaaq ce qui veut dire ami en inuktitut.

Une dame inuite m'a déjà dit qu'un chien qui vous accompagne choisit de vous protéger pour le temps de la promenade, joli comme croyance non?

En étant à Inukjuak, je trouvais important de parler des déportations qui ont eu lieu dans les années 1950 car on m'a soufflé à l'oreille que les familles qui avaient été déportées et qui sont revenues ont parfois beaucoup plus de problèmes que les autres...

Notre bon gouvernement canadien dans les années 1950 a déporté des inuits d'Inukjuak. Il existe deux versions de cette histoire, celle qui dit que le gouvernement a fait un geste humanitaire car il y avait une famine en ce temps la et que les inuits étaient volontaires et l'autre version, la plus plausible, qui dit que le gouvernement a fait cela pour affirmer sa souveraineté dans l'arctique canadien en période de guerre froide (il n'y avait pas d'habitants dans ces contrées et il en fallait pour dire que ce lieu appartenait au Canada).

Donc, le gouvernement décide de déplacer des gens d'ici pour les amener vers Grise Ford et Resolute Bay (très haut dans le nord canadien) comme vous pouvez le voir ici.  On leur promet des territoires de chasse, des installations et la possibilité de revenir quand bon leur semblera vers leur village d'origine. Pour certains, ils ont été forcés et pour le gouvernement ils étaient volontaires bref, dans n'importe quelle histoire prenez la version qui vous avantage le plus, comme d'habitude!

Or, en arrivant dans ces contrées isolées il n'y a rien, absolument rien. On ne leur laisse même pas assez de nourriture et de peaux de caribou pour qu'ils se fassent des tentes...En plus, il y fait beaucoup beaucoup plus froid et la noirceur y est totale l'hiver tandis qu'ici on a quand même quelques heures de soleil par jour. Ils ne reverront pas leurs proches pendant plusieurs décennies non plus. Des gens sont morts de froid et de faim sur ces banquises...

Je me souviens avoir lu quelque part que le gouvernement croyait que les inuits étaient si bien adaptés à l'environnement arctique qu'il pensait qu'ils n'avaient besoin de rien pour survivre dans un monde si hostile et qu'ils s'adapteraient très bien sans aucun support. Quelle idiotie n'est-ce pas?

Bref, après des années et multiples pressions auprès du gouvernement, des gens ont finalement pu retourner à Inukjuak. Des familles d'ici reçoivent de l'argent à chaque année également pour les dédommager. Un 10 000$ par année pour certains ai-je entendu. Tiens donc, finalement c'était bien une erreur sinon pourquoi besoin de tant d'argent pour compenser les dommages encourus?

Les excuses officielles ne sont venues que récemment en 2010, cinq décennies plus tard. Bon, vaut mieux tard que jamais qu'on dit, hein? Je parie que, comme moi, vous n'étiez pas trop au courant de ce fait historique non plus. Je trouve dommage que souvent les gens se demandent pourquoi les inuits vont si mal sans se soucier d'en apprendre davantage sur tous les traumatismes et changements qu'ils ont vécus dans le passé pas si lointain...

Je vous laisse sur quelques images des alentours d'Inukjuak. L'automne met ses couleurs sur la toundra... mais la neige arrive bien vite et je suis prête, avec ma grosse capuche en renard norvégien! ;)
Atsunai!




mercredi 9 octobre 2013

Et c'est reparti pour un autre tour...!

Ai tout le monde!
Je suis de nouveau au Nord après de belles vacances mais je suis à Inukjuak cette fois-ci. Je vous fait ça court cette semaine car je n'ai pas accès à Internet en tout temps. Donc Inukjuak, ce nom veut dire ; «le géant». C'est intéressant car pour une fois c'est un mot d'inuktitut que je trouve facile à comprendre. On se souvient qu'Inuk veut dire homme et juaq veut dire important tout simplement.
Voici l'emplacement du village sur la carte, il est beaucoup moins haut que Salluit donc moins froid et moins loin aussi. Actuellement il fait dans les 1-2 degrés. Il y a eu un peu de neige fondante hier. Mon vol ne fut pas de tout repos. À cause des conditions nous n'avons pas pu atterrir aux deux villages précédant Inukjuaq et nous avons du retourner à La Grande pour mettre du carburant.


C'est un gros village, un peu plus gros que Salluit ou j'étais donc j'ai bien hâte de voir mais à date j'ai l'impression que ce ne sera pas de tout repos. Ils sont deux TS au lieu de d'être normalement trois. Je suis affectée cette fois-ci au soutien à domicile (terrain connu) et la femme que je vais remplacer m'a dit ; «on a une charge de cas de 80 et on éteint des feux». À suivre! C'est un village entouré d'eau, d'une part par la baie d'Hudson elle-même et d'autre part par une rivière.

J'ai déjà remarqué qu'il y a beaucoup de chiens ici, comme si les inuits de ce village étaient revenus davantage à l'ancienne façon de se déplacer (?).  Il y également plus de trafic si on peut dire ça quoique ce ne soit en rien comparable à Montréal ou même Drummondville aux heures de pointes. Récemment on m'a dit qu'un jeune enfant était mort écrasé d'ailleurs... C'est ici que le documentaire Nanook of the North fut tourné, qui est je pense l'un des premiers documentaires sur les inuits à avoir été tourné en 1920.
Si y'en a que ça intéresse, il est disponible ici.
Je suis actuellement dans un transit et j'aurai mon logement permanent vendredi. Je partagerai mon logement avec un chat qui s'apelle ; «Chat»! Ahaha! Dans le nord, les blancs n'ont pas grand chose à faire et s'invitent toujours à des soupers ou des «pot lucks» donc j'ai déjà eu mon premier souper hier. Oh et ici, chez les inuits, le sujet de la laïcité ne fait pas rage du tout. Même que j'ai eu la surprise de devoir me recueillir pour la prière en inuktitut qui se fait à chaque jour aux services sociaux avant de commencer la réunion hebdomadaire. J'ai vécu un espèce de dilemme intérieur car je ne suis même pas baptisée, ni n'ait suivi de cours de religion, ni ne croit en Dieu mais comme le dit le dicton ; à Rome on fait comme les romains alors je me suis recueillie un moment pour remercier la vie tout simplement.

Je vous reviendrai la semaine prochaine sur un épisode malheureux d'Inukjuak soit les déportations qui ont eu lieu dans les années 50 dans l'extrême arctique par le gouvernement du Canada et sur ma première semaine ici. Atsunai!

lundi 2 septembre 2013

La fin du premier séjour

Ai tout le monde
Tout d'abord pour ceux que le sujet du massacre des chiens a intéressé, voici un documentaire bien fait à regarder sur ce thème http://vimeo.com/44813366
Si vous le regardez, vous verrez à un moment donné qu'un inuit dit que son numéro d'identité était le E-43383 ou quelque chose du genre. Voilà la belle façon que les autorités blanches de l'époque ont prise pour identifier les inuits en leur donnant une lettre et un numéro. Pourquoi se donner la peine d'apprendre leurs noms réels? Aussi bien les identifier avec des numéros de série tout simplement...

Ce sera mon dernier article jusqu'à octobre prochain car je redescend vendredi (s'il fait beau) au sud pour 4 semaines et j'en suis bien contente. Mes deux dernières semaines auront été les plus difficiles en raison d'un drame qui eu lieu à Salluit au début de la semaine passée. Un homme s'est suicidé par arme à feu et de manière très dramatique et violente. C'est dommage à dire mais, dans cette histoire, il est heureux que ce ne soit que lui qui soit décédé et que personne d'autre n'ait été touché car il a visé et tiré beaucoup de personnes tout au long de la journée qui a mené à sa mort et une balle perdue aurait très bien pu atteindre quelqu'un. Je ne rentrerai pas dans les détails ici parce que je ne le juge pas nécessaire. J'ai moi même été impliquée dans cette histoire et ce ne fut pas de tout repos côté émotions et fatigue. Merci à ceux m'ayant apporté un support et qui se reconnaîtront.

Les inuits vivent le deuil en se réunissant entre eux et tout le monde emporte beaucoup de nourriture pour la famille du défunt. J'ai pu manger du béluga cru et cuit lors de cette occasion... Laissez-moi vous dire que c'est loin d'être délicieux selon moi mais les inuits en raffolent complètement.

Je serais très surprise que vous ayez entendu parler de cet événement et c'est malheureux. Je trouve désolant de voir qu'on ne s'intéresse au Nord que lors de grands dossiers ou l'on expose les problématiques à coups de statistiques effrayantes et que tout le monde est bien choqué sur le coup mais qu'on y pense plus vraiment après. Le même événement serait arrivé à Drummondville et ce serait une toute autre histoire.

Les blessures psychologiques de la communauté et plus particulièrement de la famille sont tout de même grandes et une équipe de trauma viendra nous assister cette semaine. Je vous reparlerai plus en détail un jour de la problématique du suicide car, au Nunavik, c'est comment dire... un fléau. La dernière personne à s'être suicidée à Salluit datait d'avril donc deux suicides dans un si court laps de temps pour une si petite communauté... imaginez pour les 14 autres villages du Nunavik...

Sur une note plus cocasse, je descend au Sud avec un bébé de deux ans.
(non non, je suis tout à fait zen même en admettant que je ne n'ai quasiment aucune expérience avec les bébés et probablement qu'un bébé dans l'avion avec une blanche qu'il ne connaît pas et qui ne parle pas sa langue va probablement brailler comme un démon au grand plaisir de tout les passagers qui vont me regarder en voulant me tuer)

Ne vous inquiétez pas je ne l'ai pas volé et moi et mes gentils parents iront le porter à sa mère qui entame le programme mère-enfant de Portage à Montréal parce que le Nord c'est aussi des gens qui font face à leurs problèmes, qui travaillent pour améliorer leur vie et qui veulent s'en sortir malgré tout...mais ça non plus, ça ne fera pas les manchettes ;)

Je ne sais pas si je reviendrai à Salluit ou si on m'enverra dans un autre village, c'est ce que nous verrons...
Atsunai! Nakurmik de m'avoir lu et supporté pour mon premier «stretch»!


mardi 27 août 2013

Le massacre des chiens

Ai tout le monde!
Je me dis depuis un certain temps que je dois aborder certains éléments d'histoire du peuple Inuit pour mieux vous faire comprendre que c'est un peuple qui a vécu beaucoup en peu de temps.  C'est sur que je ne suis pas une spécialiste et que je ne détiens pas la vérité absolue sur le sujet mais je trouve important de mettre en relief certains éléments que j'ai appris lors de ma formation pré-départ et au travers de lectures personnelles. Ça me rebutait un peu parce qu'il y a tellement de versions différentes et d'opinions diverses... mais bon c'est important à connaître car les inuits ont vécu plusieurs traumas et changements imposés dans une courte période de temps. Si je suis assez motivée, je vous reviendrai sur d'autres thèmes reliés à l'histoire. Cependant, de plus en plus on m'a dit que les inuits tiennent le discours de ; cessons de regarder vers le passé, ce qu'on nous a fait subir et allons de l'avant bien que d'autres pensent le contraire...

On va commencer par la base, le mot «Inuits» signifie les gens ou peuple tout simplement. Il ne faut pas les appeler les esquimaux parce que ce nom signifie les mangeurs de viande crue. C'est un nom qui leur a été donné par les Algonkins et qui a été repris par les premiers blancs mais qui est péjoratif.

Pour bien illustrer le fait que les inuits ont vécu beaucoup en peu de temps, je vous souligne que je travaille avec une femme qui a dans la cinquantaine-soixantaine et qui est née dans un Igloo. En passant Igloo veut dire maison tout simplement.

Je ne vais pas revenir sur l'histoire entière du peuple parce que ça serait trop long. Admettons qu'on part des années 1950. Depuis plusieurs décennies déjà, le gouvernement fédéral et le provincial se disputent pour ne pas avoir à être responsable des inuits du Québec selon ce que j'ai compris. Ils ne cherchent pas vraiment a les sédentariser non plus.  Or, le gouvernement provincial redécouvre leur existence ou commence à s'y intéresser pour le potentiel économique lié à l'exploitation minière et les projets hydroélectriques. C'est pas moi qui le dis de mauvaise foi, je vous l'assure. ;) L'argent menait et mène encore le monde.

Bref, le gouvernement se rend compte que y'a de l'argent à faire au Nord. Oups, cependant des populations y habitent. Des populations bien différentes de celles du sud... des populations qui sont majoritairement encore nomades et à qui il est difficile de dispenser des services.

Le massacre des chiens 

J'ai appris l'histoire du massacre des chiens dans ma formation pré-départ. Comme plusieurs personnes, je n'en avais jamais entendu parler. On ne nous apprend pas tout dans nos cours d'histoire... Il y a eu pourtant des milliers de bêtes abattues à bout portant dans le Nord sous les yeux des inuits entre 1950 et 1970 par des policiers et des fonctionnaires blancs. On s'entend qu'à cette époque, c'était le seul moyen de transport des inuits, ils repéraient aussi le phoque à travers la glace, ils trouvaient leur chemin dans les tempêtes, leur fourrure pouvait servir pour des manteaux et les inuits les mangeaient aussi en cas de famine.

On dira que le massacre des chiens a été fait pour des raisons sanitaires, que ces chiens étaient malades, avaient la rage, présentaient un danger ou autre... Or, les inuits n'achèteront jamais cette théorie et moi non plus. Les inuits avaient vécu toute leur vie avec des chiens, ils savaient reconnaître les chiens malades qui pouvaient représenter un danger pour la communauté et pour les autres chiens. Ce n'était qu'une excuse pour faire le travail. On dira que les autorités à l'époque n'ont pas compris l'importance des chiens dans la culture Inuit...Faudrait être vraiment cave, non? Plusieurs disent que cette tuerie a contribué à sédentariser les inuits. Je n'ai aucun mal à le croire...Bref dans cette histoire, nul ne s'entend sur les réels motifs de l'abattage des chiens ou comme quelqu'un de sage m'a dit  «l'important dans l'histoire c'est de prendre la version qui nous avantage le plus ».

«L'abattage des chiens visait la sédentarisation de ce peuple nomade. Les revendications territoriales sur cette région devaient s'appuyer sur la présence de résidents permanents occupant le territoire. Un peuple nomade ne répondait pas à ce critère. Pour les mêmes raisons d'occupation de territoire, des inuits de la baie d'Hudson ont été littéralement déportés encore plus au nord (Resolute Bay et Grise Fjord) afin d'occuper le territoire. Plusieurs sont morts sur ces banquises.»

Je parlerai plus en profondeur des déportations et autres éléments historiques une autre semaine, je vous fais ça court aujourd'hui car j'ai vécu une journée difficile...quelqu'un est mort ici...

Tout ça pour dire que tout récemment, en 2011, le gouvernement Québécois a finalement reconnu l'abattage massif des chiens de traîneaux et le préjudice que cela a causé aux Inuits et a promis de l'argent comme dédommagement. Drôle de timing en même temps que le Plan Nord, non? Alors que les inuits réclament des excuses depuis des années et des années...

Bref! Je vous laisse vous faire votre propre idée la dessus!
Atsunai!


mardi 20 août 2013

5e semaine

Ai tout le monde!
Je suis ravie de revenir sur un de mes thèmes de la semaine passée c'est à dire la gestion des déchets au Nunavik pour vous dire que... tenez vous bien... tout est en branle pour que le recyclage débute!! (pas demain, on s'entend) On a orienté mon regard sur un résumé d'un document très complet et tout frais sur la gestion des déchets dont j'ai pu prendre connaissance. Il y aura d'ailleurs des consultations avec la population du Nunavik en septembre sur ce thème. Donc, c'est pas encore fait mais c'est un projet qui émerge quand même! Pour ceux que ça intéresse plus en profondeur, (on sait jamais) le résumé du projet est disponible ici ; ; http://www.krg.ca/images/stories/docs/Residual%20Material%20Management%20Plan/PGMR%20resume_fr.pdf

Petite parenthèse en passant, Nunavik signifie ; «le pays ou vivre» en inuktitut. Les inuits trouvent aussi très drôle quand nous disons le mot «aujourd'hui» en français car pour eux, dans leur langue, ce même mot écrit différemment bien sur mais prononcé similairement veut dire ; «plusieurs pénis»! Pas très pertinent comme information me direz-vous mais cocasse tout de même!

Je suis allée faire du mussels piking (ramassage de moule) cette semaine. En gros, aucun degré de difficulté ou presque, tu te promènes et avec un oeil averti, tu repères les moules et les ramasse. Après tu les laves et les cuisine selon ton bon vouloir. J'avais frette en titi par contre, j'étais pas assez habillée et j'ai tendance à oublier qu'il fait toujours plus froid sur le bord de l'eau. Les inuits ramassent les moules même l'hiver et quelqu'un m'a dit qu'il avait vu une inuk le faire à mains nues, pendant très longtemps en plein hiver. Je pense pas avoir la même tolérance au froid que les inuits à première vue... Voici des photos de ma collègue Janie.
 

Je reviens sur le problème du logement parce que l'air de rien on s'aperçoit vite que ce problème emmène  beaucoup d'autres conséquences. Les femmes victimes de violence, en plus de souvent être dépendantes financièrement de l'homme, n'ont nulle part ou aller. Le refuge pour les femmes est un endroit temporaire ou vivre mais il n'y a pas, comme il y a au Sud, des appartements, des HLM et ect. Donc, même si la femme veut partir de chez elle, elle n'a souvent nulle part ou aller. Personnellement, c'est un peu frustrant de voir ça. J'aimerai m'informer davantage sur le manque de logement au Nunavik et le pourquoi du comment...Le Plan Nord pourrait investir la dedans au lieu d'investir dans des projets miniers polluants, non? Oh mais j'oubliais que loger des familles et des sans-abris n'est nullement rentable économiquement et coûte cher donc aussi bien les laisser dans la rue ou 15 par maison...Excusez le sarcasme... Il paraît qu'il y a plus de maisons qui se construisent actuellement car le Plan Nord est en branle mais bon... j'ai justement lu un article qui dénonçait un manque de volonté politique concernant le grand Nord. «Les conservateurs, de leur côté, affirment avoir accompli «de gigantesques pas» en avant, et que le développement économique du Nord progresse comme jamais auparavant.» (?!?)

Autre frustration lié avec le manque de logement... il n'est pas rare qu'on entend que telle personne à jeté à la rue telle autre personne. Les raisons sont diverses et parfois valables mais il reste que les inuits pour la plupart ne font pas dans la dentelle quand ils ne veulent plus de quelqu'un. Il ne font pas vraiment de prévention non plus. Dans le sens qu'ils ne vont pas dire «oh ma vieille mère je n'en peux vraiment plus, je vais contacter les services sociaux et voir ce qu'il est possible de faire pour la relocaliser». Non, ils jettent la personne à la rue et ensuite la personne vient nous voir au services sociaux ou nous est référée et on doit excuser l'expression «se démarder avec».

Il y a des baguettes magique en plastique dans nos bureaux parce qu'on dirait que souvent les inuits s'attendent à ce qu'on fasse de la magie et qu'on règle tout par enchantement. Harry Potter ou est tu quand on a besoin de toi?



une des portes des services sociaux ou «l'endroit ou on vient chercher des miracles»

Selon la tradition, la porte des inuits est ouverte à tous. Vous vous souvenez, ils ne frappent pas avant d'entrer et une petite fille était entrée chez moi quand j'avais oublié de barrer la porte? Dans les faits, les inuits barrent de plus en plus leurs portes car des événements malheureux arrivent. Par exemple, on m'a raconté qu'a Noël quelqu'un avait laissé sa porte ouverte et un gars saoul est rentré et a agressé sexuellement les trois garçons de la maison... 

Bref, je parle beaucoup des problématiques sans parler de leur origine à date mais souvent les abuseurs d'enfants ont eux-mêmes été abusés par des religieux dans le temps où le gouvernement envoyait les petits «sauvages» dans les pensionnats religieux pour les assimiler de force. C'est sans parler de la sédentarisation forcée que les inuits ont subie quand le gouvernement a organisé le massacre de tout les chiens de traîneaux des inuits pour les forcer à ne plus se déplacer et a occuper le territoire. Bref, je vais revenir un peu plus sur l'histoire éventuellement car elle a son importance mais ceci n'excuse pas cela. 

C'est déjà ma 5e semaine ici que bien que certains jours sont très tranquilles (trop parfois) d'autres le sont moins. Je suis de garde cette semaine ce qui veut dire que je suis l'intervenante sociale disponible 24hrs sur 24 de lundi à jeudi. Je suis bien payée pour ça. Ça nuit juste à la qualité de mon sommeil un peu. 
                                                                                                                                   
Je suis allée avec un groupe d'infirmières me promener dans la toundra en fin de semaine. Il faisait très beau lors de notre départ et le temps a changé brusquement (ce qui arrive souvent ici). La brume s'est levée sur la toundra ce qui fait que, bien que j'avoue ne pas avoir de sens de l'orientation à la base, nous nous sommes presque perdues. (Il paraît selon une des infirmières que nous les femmes n'avons pas une certaine substance dans le cerveau qui fait que nous n'avons pas d'orientation, ce n'est donc pas notre faute!). Nous avons donc marché au moins 4-5 heures dans la toundra pour nous rendre à une chute que nous n'avons finalement jamais vue et nous n'étions pas sures de revoir le village. Bref, tout une aventure qui est moins drôle quand on sait qu'une femme est déjà morte comme ça en se promenant dans la brume et en se perdant pendant trois jours dans la toundra... Je vais essayer de rester en vie pour les deux semaines qu'il me reste à passer ici! Hihi ;)
                                                                                                                         
                                                                                                                     
C'est tout pour cette semaine!
Atsunai!