mercredi 20 mai 2015

Le début de la fin

Ai!
Je suis de retour a Umiujaq pour ce qui sera fort probablement mon dernier séjour au Nord pour le moment. Étant une éternelle indécise, je ne veux pas dire que j'en suis sure car ce n'est pas vrai. Plusieurs raisons motivent ce choix et elles ont transparu lors de mes écrits dans ce blog. Mes premiers jours ici ont été assez difficiles aussi. J'en reparlerai peut-être mais, pas en détail. Je ne parle pas souvent des histoires de cas que je rencontre ici car je cherche à respecter la confidentialité et ces histoires ne m'appartiennent pas même si j'y joue un rôle.  Un ami qui lit ce blog m'a un jour suggéré de continuer à faire du Nord parce qu'il trouvait qu'on avait besoin de plus de monde comme moi ici. C'est gentil mais ce n'est pas vrai.

J'ai lu dernièrement 'Guerriers de l'impossible' que je vous conseille qui parle de l'argent, des armes et de l'aide humanitaire. Quel est le lien avec le nord me direz-vous? J'en ai vu plusieurs. Je cite Amanda Nutt ; 'Pour améliorer l'efficacité de l'aide, le mouvement humanitaire doit se réajuster en misant sur le transfert des connaissances et la formation de même qu'en réduisant les obstacles qui entravent l'engagement et la participation des populations locales. Cet objectif ne pourra jamais être atteint avec l'ouverture de bureaux toujours plus grands composés majoritairement d'étrangers occupant des postes décisionnels alors que des communautés attendent passivement que leur vie change.'

Il se passe malheureusement souvent la même chose au Nord, pas toujours mais souvent. Le Nord est peuplé d'étrangers qui viennent travailler et parfois vivre. Ils n'appartiennent pas au Nord mais font parfois comme si le Nord et leurs habitants leur appartenait... Certains prétendent savoir ce qui est mieux pour ces populations, en fait chacun à sa petite idée et d'autres continuent de se le demander. Les TS qui ont un poste permanent et qui ne prennent que 4 mois de vacances au sud ont plus de pouvoir de changement je crois qu'une TPO comme moi qui se promène constamment et qui fait de petits séjours. Comme en travail de rue, le lien établi avec les gens ici est plus important que n'importe quoi. Une construction de lien ne se fait pas en quelques semaines...

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Je n'ai pas beaucoup de conseils pour ceux qui viennent travailler au nord pour les services sociaux mais j'en ai au moins trois. Le premier et le plus important est d'abord et avant tout d'apprendre à se taire, d'écouter, d'observer énormément et de travailler sa patience. C'est difficile pour nous les blancs qui carburons souvent à l'efficacité et aux solutions. Écouter ce qui est dit mais écouter aussi ce qui se passe dans le silence. Si vous parvenez un jour à écouter comme un inuk, vous aurez fait un grand pas.

Apprendre à lâcher prise est capital. Ce client qui se présente pas au rendez-vous prévu, cet avion qui ne décolle pas, cette neige si blanche qui fait que vous 'pogner' le char dans la neige, ce festival qui entraîne vos collègues inuits à ne pas se présenter au travail. Le lâcher prise au Nord est salutaire, nécessaire et grandement bénéfique pour votre santé mentale et celle de tous ceux qui vous entourent.

Il est important d'avoir une ou des personnes également idéalement dans le même domaine de travail que vous ou au moins au Nord ou au sud mais qui comprennent la réalité du Nord et à qui vous pouvez parler.  Pour partager ce que vous vivez, vos tristesses, vos peines, vos découragements, frustrations et aussi vos joies. On peut en avoir plus qu'un ou une! L'important, c'est de parler ou d'écrire... ;)

J'ai mis des images de mon voyage en Grèce question de mettre un peu de beauté...!
J'écrirai bientôt sur la judiciarisation des inuits... thème vaste s'il en est un mais que j'ai toujours voulu aborder. À suivre!
Atsunai!