mercredi 1 octobre 2014

Fin de 'stretch', baies et aurores

Ai!
Me voici au point le plus haut du Québec et je repart en vacances vers mon monde vendredi.
Je suis arrivée en même temps que la neige mais le pilote a quand même pu atterrir. Les pilotes d'Air Inuit sont souvent surprenants dans le bon sens du terme. Chaque village est différent et, à Ivujivik, ça semble être tranquille, trop tranquille pour moi à prime abord! Je ne pense pas vouloir revenir ici. C'est parfait par contre pour quelqu'un qui aime de grandes périodes de tranquillité (lire ici, ne rien faire). Il est vrai que c'est un petit village avec seulement trois rues donc, il ne faut pas s'attendre à être submergée de travail. La dame qui est permanente ici débute sous peu sa pré-retraite, avis aux intéressés. Il n'y a également pas de travailleur social stable a la DPJ depuis très longtemps, la dernière ayant démissionné récemment. Avec la pénurie de personnel, le centre de santé priorise les villages avec plus de population et Ivujivik est très petit mais joli. Voici deux photos d'un de mes anciens collègues du village en hiver/été.

Avant de commencer mon aventure, j'avais lu un autre blog d'un jeune professeur à Ivujivik. Le lundi matin de mon arrivée à Ivujivik, j'ai appris par hasard qu'il venait de démissionner le matin même et qu'il partirait sous peu. On m'a dit que son absence amènera un grand vide mais, les blancs n'appartiennent pas vraiment au Nord et une faible minorité y restera toute sa vie. Les inuits savent que rares sont les blancs qui passeront toute leur vie ici et qu'une fois le travail terminé ils ne reviendront probablement pas sauf exceptions pour simplement visiter car les prix des billets sont ce qu'ils sont. Les rares qui restent sont ceux qui fondent une famille ici. Quant à moi, mon congé nordique avec mon CLSC est renouvelé depuis juillet pour une deuxième année. J'ai su que je peux le renouveler pour une période maximale de 48 mois (4 ans). Que sera sera, whatever will be will be. Deux des anciens travailleurs sociaux de la DPJ avec qui j'avais travaillé ont démissionné. Il est difficile de travailler pour la DPJ au Nord et le taux de roulement est plus grand qu'aux services sociaux... Éventuellement, j'écrirai sur leurs services en collaboration avec l'un de ceux qui a démissionné...A suivre... (oui, J, c'est de toi que je parle)

J'aime, au Nord, partager l'indignation. Ça me fait du bien de rencontrer des gens qui partagent mon indignation envers ce qui se passe ici (ou ne se passe pas). Je trouve cependant qu'il nous manque d'espaces communs officiels pour échanger, s'indigner et, pas seulement entre étrangers. On le fait dans un souper entre 'expatriés', dans un cadre de porte ou au téléphone mais plutôt de façon imprévue et, rarement de façon productive. 'Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin'. Je me met parfois à penser et à rêver a ce qui se passerait si blancs de passage et inuits unissaient réellement leur voix et leur force pour des moyens de pression, des lettres, des pétitions, name it! À suivre...

Je vous parlais des bleuets abondants il y a quelques semaines et c'était aussi la période des red berries (kimminaq) à Akulivik récemment. J'y ai goûté à même le sol de la toundra et une collègue inuk m'a également fait cadeau d'un pot de confiture home made. J'ai trouvé ça très gentil sauf que je dois dire que je préfère les bleuets car le goût des red berries est beaucoup plus fort et presque amer mais c'était intéressant à découvrir. Il y a beaucoup d'autres petits fruits sur le sol de la toundra ; des cloudberries (arpiq), des blackberries (paurngaq) et des bearberries (kallaq). Ces baies ont fait traditionnellement partie de l'alimentation traditionnelle des inuits et des chercheurs se sont penché récemment sur leurs bienfaits. Elles aideraient à la perte de poids, la santé intestinale and insulin sensitivity in diabetics. Je ne suis pas une scientifique mais je suis prête à parier que c'est également plein d'antioxydants... Oh, dans mes promenades dans la toundra, j'ai vu des oies des neiges. C'est une espèce qui se retrouve dans la toundra dès juin mais, qui passe l'hiver en bas. Elles sont jolies et assez craintives.

Ma dernière nuit à Akulivik, le ciel nous a fait tout un spectacle. J'avais rarement vu autant d'aurores sur une si longue période de temps et le ciel était très clair. C'était tout à fait magnifique et, pour une fois, j'ai réussi a prendre quelques photos potables. Il n'est pas facile de prendre les aurores en photos. Elles sont souvent vertes mais j'ai aussi vu des petites traces de mauve. Il y a beaucoup de mythes anciens très poétiques concernant leur existence. De la poussière éjectée par la queue du renard polaire pour les Samis, une partie de balle entre les âmes des morts pour les Inuits du Groenland ou une danse des esprits des animaux pour d'autres c'est tout de même plus amusant que de savoir que c'est simplement l'interaction du vent solaire et de l'atmosphère...

Je serai de retour au Nord en novembre... après un séjour au Iles Galápagos!
Atsunai!