mercredi 18 juin 2014

Revenir au point de départ et frustration

Ai
Nelson Mandela a eu ces paroles sages ; «C'est en revenant à un endroit ou rien n'a bougé qu'on réalise le mieux à quel point on a changé». Je ne dirai pas que rien n'a bougé à Salluit mais bon vous comprenez l'idée! Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai commencé mon expérience au Nord à Salluit. J'ai beaucoup appris depuis ce premier séjour sur les inuits, le travail au Nord et sur moi.
Avec moins d'un an d'expérience au Nord, je suis déjà actuellement la plus ancienne blanche aux services sociaux de Salluit! Ce n'est pas difficile vu que ma collègue actuelle vient tout juste d'arriver pour son premier séjour au Nord mais elle a déjà l'âme d'un vétéran!  Dès ma deuxième semaine je me suis assise avec le sergent de police que j'avais déjà connu de mon précédent séjour pour parler de l'amélioration de la collaboration services sociaux-police et, même moi, j'en étais surprise. Travailler au Nord, c'est apprendre sur le «tas» et faire des choses auxquelles je n'aurais pas pensé à prime abord!

Travailler au Nord me rend aussi parfois pleine de colère, peut-être que je me répète...
La plupart du temps, j'arrive à gérer cette colère et la transformer en positif, en collaboration, en écoute, en compréhension et à passer par dessus pour ne pas me laisser envahir mais elle est quand même la.
                                                                                               murale de Fanny Aishaa
Depuis que je travaille au Nord, je vois et j'entend ma part d'histoires de femmes battues, violées et j'entend des histoires de femmes tuées, disparues. Lorsque je sors d'une intervention avec une de ces femmes ou je dois me retenir de pleurer, je suis en colère parce qu'elle n'est une parmi tant d'autres...
Et aussi parce que depuis 2012, l'assemblée des premières nations, Amnistie Internationale, l'ONU et autres organisations réclament une commission d'enquête nationale sur les femmes autochtones disparues ou assassinées et que le gouvernement continue de refuser. En étant femme autochtone ou inuk, tu part bien mal dans la vie parce que selon les statistiques tu as 3 fois plus de chances de subir de la violence qu'une blanche et oups si tu meurt ou disparaît c'est beaucoup moins sur qu'on retrouvera le coupable...
Selon les données recueillies par les Sœurs par l’esprit de l’Association des femmes autochtones du Canada, 1186 femmes autochtones ont disparu ou ont été assassinées au Canada entre 1980 et 2012. Leurs chiffres révèlent aussi que la situation s’est aggravée au cours des dix dernières années.
http://www.ffq.qc.ca/2014/06/reclamons-une-commission-denquete-nationale-sur-lassassinat-et/
Je me relisais et j'en parlais déjà en octobre sauf que le nombre était estimé à 600 femmes...Qu'on se le dise, le Canada n'est pas le pays de l'égalité mais on dirait que certains s'en contrecrissent comme notre gouvernement conservateur actuel... Ces femmes représentent 4% des femmes canadiennes mais 16% des femmes assassinées et 12% des femmes disparues et on n'en parle pas ou si peu donc me voici en train de le faire...


Sur une note plus légère, voici les photos de ma collègue de nos récentes découvertes culinaires. J'ai découvert le Pitsik (poisson séché) qu'une collègue inuit m'a donné. C'est du poisson cru qu'ils font sécher au soleil et c'est délicieux. J'ai aussi eu la chance (?) de manger un oeuf de goéland...Disons que je ne retenterai pas l'expérience... Atsunai!