mercredi 2 juillet 2014

Melting pot de départ

Ai
Je repart au sud sous peu. Depuis le début de juin, la luminosité augmente sans cesse et les nuits sont très très courtes. Le soleil se couche vers 11hrs, se relève vers 3 heures du matin et même s'il se couche à 11 heures, ça ne veut pas dire qu'il fait noir... La semaine passée j'ai vu le coucher du soleil et son lever par une nuit d'insomnie particulièrement intense. Cette clarté amène souvent les enfants à passer la nuit dehors...

Avec l'arrivée du printemps/été au Nord à Salluit est revenu en force une pratique assez désespérante chez les jeunes du villages soit le sniffing ou l'abus de substances volatiles et de solvants pour avoir un buzz. Étant la remplaçante de la TS enfance-famille actuellement, les noms d'enfants qui sniffaient se sont mis a pleuvoir sur mon bureau en plus du reste. Plusieurs campagnes de sensibilisation ont été faîtes par le passé au Nunavik pour contrer cette pratique et une inuk m'a dit que pendant quelques années c'était moins présent selon elle parce que les gens étaient plus conscients du danger que ça représente. Dès la première fois que vous essayer, vous pouvez mourir on the spot. Donc, n'essayez pas ça à la maison. Cependant, le positif dans tout cela c'est que les gens de la communauté ici sont aux aguets et que s'ils aperçoivent des jeunes en train de sniffer, ils vont en parler. Le positif c'est aussi que les policiers de la communauté ont été formés sur le sujet et savent qu'il ne faut pas faire peur aux jeunes en train de sniffer ni leur courir après car il pourrait en résulter un arrêt cardiaque (oui).  Le positif c'est qu'il y a fréquemment des messages à la radio communautaire contre cette pratique. Le positif  (?) c'est qu'une professeure aurait dit que certains enfants se moquent de ceux qui sniffent parce qu'ils savent à quel point c'est stupide et dommageable.


Les glaces sont parties depuis la mi-juin à peu près ce qui libère les eaux de Salluit et permet aux inuits de partir en expédition de chasse par canot. Le fils de mon collègue a d'ailleurs tué un phoque l'autre jour et un béluga récemment.  Il paraît qu'il y a deux ans, les bélugas étaient visibles dans le fjord de Salluit par les habitants et qu'ils tiraient dessus à même la terre ferme! Il faut dire que le béluga est un met de choix ici. Comme j'en entend déjà protester contre la chasse des bélugas par les inuits je vais redire la même chose ici que j'avais dis pour les ours polaires. Réveillez-vous parce que ce n'est pas la chasse qui met ces animaux en danger mais bien la pollution et les changements climatiques et si vous voulez vraiment vous insurger pour leur protection ce que je souhaite ardemment  faîtes-le mais en visant sur Harper qui ouvre la porte aux compagnies comme TransCanada et autres du même acabit voulant faire du forage dans des endroits clés pour les bélugas http://action2.davidsuzuki.org/fr/belugas. Les pipelines et l'exploitation pétrolière sont beaucoup plus dangereuses pour la faune et la flore que quelques inuits tuant des bélugas pour nourrir leur famille et leur communauté.

Dans un autre ordre d'idée....Savez-vous ce qu'est la violence structurelle? J'ai appris ce terme à l'université et il résonne dans ma tête ici.
La violence structurelle a été théorisée par Johan Galtung (1969) et définie comme toute forme de contrainte pesant sur le potentiel d’un individu du fait des structures politiques et économiques (« any constraint on human potential due to economic and political structures »). Ces contraintes ont pour conséquence un accès inégalitaire aux ressources, au pouvoir politique, à l’éducation, à la santé ou à la justice. Il s’agit donc de cette forme de violence produite par des institutions étatiques (un système politique discriminant) ou des pratiques sociales (une norme sociale excluante) qui empêchent des individus ou des groupes de satisfaire leurs besoins de base. http://www.irenees.net/bdf_fiche-notions-213_fr.html

La semaine passée je parlais de la violence envers les femmes et cette semaine me voici abordant la violence structurelle parce qu'elle est, selon moi, très présente envers les inuits,  pas seulement envers eux mais bon. Pourquoi malgré le fait que la population du Nunavik soit composée à 35% de jeunes de moins de moins de 15 ans n'y a-t'il pas encore de Cégep dans tout le Nunavik rendant ainsi l'accès aux études supérieures beaucoup plus difficile pour les inuits? Pourquoi la crise du logement au Nunavik perdure malgré le fait qu'il est reconnu qu'elle exacerbe les problèmes sociaux et de santé et qu'il est reconnu qu'elle a été crée par un manque d'investissement du gouvernement?   Pourquoi un sac d'oranges à la COOP coûte 12$ et qu'environ 70% des enfants inuits de 3 à 5 ans vivent en état d'insécurité alimentaire aka ont souvent faim? http://www.feedingmyfamily.org/. Je n'aborde que ces trois domaines de la vie des inuits mais je pourrais continuer longtemps...

Cette forme de violence  est un processus lent qui produit de l’inégalité, de la souffrance et peut conduire à un état de misère permanent ou à la mort. Cette violence s’auto-renforce en désamorçant les ressorts qui conduisent à la lutte contre cette exploitation en constituant une entrave à la prise de conscience de sa propre condition et à la mobilisation. Elle conduit à la violence directe ou la résignation.

En ne mettant pas plus d'efforts pour permettre aux inuits québécois et canadiens de manger à leur faim, d'avoir un logement adéquat et non surpeuplé et en ne les aidant pas à mettre en place plus rapidement des structures facilitantes pour permettre à ceux qui le désirent de réaliser des études supérieures, le gouvernement du Canada ne leur permet pas de se réaliser pleinement comme il le ferait pour un autre citoyen et, en ce sens, il fait preuve de discrimination à leur égard.
Voici mon opinion, si vous ne la partagez pas...I don't care! ;)
Sur ce... Atsunai!

                                                                                                                                                                                                          Christina, la relève!