mercredi 30 octobre 2013

Neige, inuksuit et adoption traditionnelle




Ai tout le monde! La neige est arrivée la semaine passée! Ça fait des beaux paysages comme vous pouvez le constater sur ces photos...


 J'ai beaucoup de chance de pouvoir travailler ici et par le fait même de visiter ce coin de notre province si joli. En fin de semaine nous sommes allés à un Inukshuk non loin d'ici. Un petit bébé chien tout mignon a choisi de nous accompagner aussi. Il était adorable comme vous pouvez le voir.... Vous connaissez surement l'inuksuk ce symbole bien connu typique des peuples de l’arctique. Je ne sais pas si celui d'Inukjuak en est un à proprement parler car sa forme n'est pas celle d'un homme mais bon. Le mot Inukshuk veut dire «à l'image de l'homme». On se souvient qu'Inuk veut d'ailleurs dire homme en Inuktitut. Bref, l'inukshuk peut avoir plusieurs significations. On dit parfois qu'il est un point de repère dans la toundra, parfois qu'il identifiait une cache à nourriture ou qu'il aidait a donner des directions pour la chasse au caribou. C'est un symbole important pour le Canada (si au moins les inuits pouvaient l'être autant). Le Canada s'en est d'ailleurs servi comme emblème pour les jeux olympiques d'hiver de Vancouver en 2010. Fait important à savoir, on s'est fait dire de ne pas construire nous mêmes nos propres Inukshuk. Étant donné que chacun ont servi ou servent encore a quelque chose dont souvent les blancs n'ont aucune espèce d'idée, nous ne nous devons pas d'en construire un peu partout pour faire joli. Ce n'est pas n'importe quel amoncellement de pierres et nous nous devons de respecter cela...





Je voulais vous parler d'un élément intéressant de la culture inuit. Il s'agit de l'adoption traditionnelle qui est encore très pratiquée ici. En fait, si une femme à un enfant et qu'elle n'en veut pas à ce moment de sa vie, elle peut choisir de le «donner» à sa sœur, sa mère ou même une amie ou une personne de confiance. Après l'enfant grandit dans sa famille adoptive en sachant très bien qu'il a été adopté. Il connaît ses parents adoptifs mais considère ses parents comme étant ceux qui l'ont élevé. C'est une pratique très fréquente. Cela mène parfois à certaines... comment dire pressions sociales. Je m'explique, le fait d'être «choisi» pour l'adoption est un honneur donc refuser n'est pas vraiment bien vu, ni accepté la plupart du temps. Donc parfois ça pousse des gens à accepter sans qu'il ne le veulent vraiment.
Cependant, en général selon ce que j'ai pu observer c'est très bien vécu pour la famille qui adopte, l'enfant adopté et la famille biologique. Il n'y a pas la notion d'«abandon» car le bébé qui est donné est voulu par la famille adoptive et sa vie est importante pour les parents biologiques. La travailleuse sociale que je remplaçais à Salluit était dans la communauté depuis au moins 4 ans et une dame lui a donné son bébé en adoption traditionnelle. Attention cependant c'est un cas rarissime car les inuits donnent en adoption à d'autres inuits et pas à des blancs.Les inuits aiment beaucoup les enfants et il n'y a aucun stigmate lié au fait d'être adopté. Je trouve que c'est un aspect intéressant de la culture...

Par ailleurs, je ne sais pas si je serai encore à Inukjuak la semaine prochaine... Mon contrat se termine et je ne sais pas encore si je redescend ou si on m'affectera dans un autre village, c'est à suivre. J'essayerai de vous parle un peu plus des problèmes que j'ai pu constater en travaillant auprès des aînés la semaine prochaine si j'ai accès à internet! Aussi, c'est l'Halloween demain! Il paraît que c'est assez intense ici comme fête. Je me suis trouvé un déguisement, nos sacs de bonbons sont prêts mais on en aura probablement pas assez avec la quantité d'enfants qu'il y a dans le village.... À suivre! Atsunai!

mardi 22 octobre 2013

Short and sweet

Ai!
Déjà ma troisième semaine qui débute à Inukjuak! J'étais de garde en fin de semaine et c'était assez tranquille. Voici une photo de Monique, une de mes collègues qui s'en va en vacances cette semaine qui me permet de vous montrer les gens avec qui je travaille. Dans l'ordre de gauche à droite il y a Aulla tout d'abord qui est bien gentille et qui nous prépare de la banique de temps en temps. Ensuite Monique qui s'en va en vacances et puis Elisapie la fille d'Aulla qui travaille beaucoup avec moi au programme de personnes en perte d'autonomie et Ituk qui travaille aussi comme travailleur de communauté avec nous et qui est un grand farceur. Il attache parfois mes lacets de bottes ensemble, vous voyez le genre? Les inuits aiment bien rire et rire avec vous! Bref, ce sont des gens très sympathiques. Je me dis souvent que ce n'est pas facile pour eux de toujours s'adapter à de nouvelles personnes constamment mais ils le font et demeurent ouverts.

Les community worker travaillent avec nous pour nous aider au niveau de la langue, de la culture et de la connaissance de la communauté. Pour moi, qui travaille présentement avec les aînés qui ne parlent qu'inuktitut, avoir un community worker avec moi est essentiel. Je ne peux pas intervenir sans eux. Les plus jeunes inuits parlent souvent anglais donc ça aide mais attention les community worker sont la également parce qu'ils connaissent la communauté, ce qui n'est pas mon cas. Ils connaissent la culture inuit également beaucoup mieux que moi qui est une Quallunaat.  Deux de nos community worker sont d'ailleurs en formation cette semaine à Purvinituq. Ils ont accès à cette formation qui leur donnera une certification lorsqu'elle sera terminée.

Je vous fait ça bref cette semaine mais saviez-vous que pendant que le sud parle de la charte à n'en plus finir, la situation des peuples autochtones est dénoncée par le rapporteur de l'ONU. Je le cite ; «C'est la crise au Canada». Voici un article sur le sujet ;  http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/390067/peuples-autochtones-c-est-la-crise-au-canada-dit-le-rapporteur-special-de-l-onu
Saviez-vous également que selon l'assemblée des premières nations, environ 600 femmes autochtones ont été assassinées ou portées disparues depuis les deux dernières décennies et que cette même assemblée revendique une commission d'enquête nationale à ce sujet ce qu'Ottawa refuse... C'est un peu plus grave que quelques femmes musulmanes voulant travailler et porter le voile non? En travaillant ici et en constatant ces inégalités importantes entre le nord et le sud et les autochtones et les blancs, j'en viens à me demander pourquoi la population du Québec et du Canada en général n'est pas plus concernée par cette problématique...Je m'interroge, me questionne et finalement je dirai que ça me fâche presque...Bref, je ne «péterai pas une coche» sur ce thème même si j'aurai tout à fait envie de le faire!
Je vous reviens la semaine prochaîne!
Atsunai!

mardi 15 octobre 2013

Les déportations d'Inukjuak

Ai tout le monde!
Me revoici!  Je suis maintenant dans la maison de la dame que je remplace pour le mois à venir et ma première semaine est déjà passée. Je vous présente ma coloc pour les semaines à venir....

Elle a du poids à perdre et de la misère a se laver mais elle fait une présence amusante. Un collègue inuit est entré dans la maison et m'a dit quelque chose comme ; «Tu n'as pas besoin de nourrir le chat, il aura assez de graisse pour le mois à venir!» Les inuits ne voient pas toujours les animaux comme nous. Il arrive que des mitaines vendues à la COOP soient faites en peau de chien...

En parlant de chien j'en ai rencontré une bien sympathique en me promenant un peu aux alentours du village en fin de semaine, la voici. Je l'ai surnommée Ilanaaq ce qui veut dire ami en inuktitut.

Une dame inuite m'a déjà dit qu'un chien qui vous accompagne choisit de vous protéger pour le temps de la promenade, joli comme croyance non?

En étant à Inukjuak, je trouvais important de parler des déportations qui ont eu lieu dans les années 1950 car on m'a soufflé à l'oreille que les familles qui avaient été déportées et qui sont revenues ont parfois beaucoup plus de problèmes que les autres...

Notre bon gouvernement canadien dans les années 1950 a déporté des inuits d'Inukjuak. Il existe deux versions de cette histoire, celle qui dit que le gouvernement a fait un geste humanitaire car il y avait une famine en ce temps la et que les inuits étaient volontaires et l'autre version, la plus plausible, qui dit que le gouvernement a fait cela pour affirmer sa souveraineté dans l'arctique canadien en période de guerre froide (il n'y avait pas d'habitants dans ces contrées et il en fallait pour dire que ce lieu appartenait au Canada).

Donc, le gouvernement décide de déplacer des gens d'ici pour les amener vers Grise Ford et Resolute Bay (très haut dans le nord canadien) comme vous pouvez le voir ici.  On leur promet des territoires de chasse, des installations et la possibilité de revenir quand bon leur semblera vers leur village d'origine. Pour certains, ils ont été forcés et pour le gouvernement ils étaient volontaires bref, dans n'importe quelle histoire prenez la version qui vous avantage le plus, comme d'habitude!

Or, en arrivant dans ces contrées isolées il n'y a rien, absolument rien. On ne leur laisse même pas assez de nourriture et de peaux de caribou pour qu'ils se fassent des tentes...En plus, il y fait beaucoup beaucoup plus froid et la noirceur y est totale l'hiver tandis qu'ici on a quand même quelques heures de soleil par jour. Ils ne reverront pas leurs proches pendant plusieurs décennies non plus. Des gens sont morts de froid et de faim sur ces banquises...

Je me souviens avoir lu quelque part que le gouvernement croyait que les inuits étaient si bien adaptés à l'environnement arctique qu'il pensait qu'ils n'avaient besoin de rien pour survivre dans un monde si hostile et qu'ils s'adapteraient très bien sans aucun support. Quelle idiotie n'est-ce pas?

Bref, après des années et multiples pressions auprès du gouvernement, des gens ont finalement pu retourner à Inukjuak. Des familles d'ici reçoivent de l'argent à chaque année également pour les dédommager. Un 10 000$ par année pour certains ai-je entendu. Tiens donc, finalement c'était bien une erreur sinon pourquoi besoin de tant d'argent pour compenser les dommages encourus?

Les excuses officielles ne sont venues que récemment en 2010, cinq décennies plus tard. Bon, vaut mieux tard que jamais qu'on dit, hein? Je parie que, comme moi, vous n'étiez pas trop au courant de ce fait historique non plus. Je trouve dommage que souvent les gens se demandent pourquoi les inuits vont si mal sans se soucier d'en apprendre davantage sur tous les traumatismes et changements qu'ils ont vécus dans le passé pas si lointain...

Je vous laisse sur quelques images des alentours d'Inukjuak. L'automne met ses couleurs sur la toundra... mais la neige arrive bien vite et je suis prête, avec ma grosse capuche en renard norvégien! ;)
Atsunai!




mercredi 9 octobre 2013

Et c'est reparti pour un autre tour...!

Ai tout le monde!
Je suis de nouveau au Nord après de belles vacances mais je suis à Inukjuak cette fois-ci. Je vous fait ça court cette semaine car je n'ai pas accès à Internet en tout temps. Donc Inukjuak, ce nom veut dire ; «le géant». C'est intéressant car pour une fois c'est un mot d'inuktitut que je trouve facile à comprendre. On se souvient qu'Inuk veut dire homme et juaq veut dire important tout simplement.
Voici l'emplacement du village sur la carte, il est beaucoup moins haut que Salluit donc moins froid et moins loin aussi. Actuellement il fait dans les 1-2 degrés. Il y a eu un peu de neige fondante hier. Mon vol ne fut pas de tout repos. À cause des conditions nous n'avons pas pu atterrir aux deux villages précédant Inukjuaq et nous avons du retourner à La Grande pour mettre du carburant.


C'est un gros village, un peu plus gros que Salluit ou j'étais donc j'ai bien hâte de voir mais à date j'ai l'impression que ce ne sera pas de tout repos. Ils sont deux TS au lieu de d'être normalement trois. Je suis affectée cette fois-ci au soutien à domicile (terrain connu) et la femme que je vais remplacer m'a dit ; «on a une charge de cas de 80 et on éteint des feux». À suivre! C'est un village entouré d'eau, d'une part par la baie d'Hudson elle-même et d'autre part par une rivière.

J'ai déjà remarqué qu'il y a beaucoup de chiens ici, comme si les inuits de ce village étaient revenus davantage à l'ancienne façon de se déplacer (?).  Il y également plus de trafic si on peut dire ça quoique ce ne soit en rien comparable à Montréal ou même Drummondville aux heures de pointes. Récemment on m'a dit qu'un jeune enfant était mort écrasé d'ailleurs... C'est ici que le documentaire Nanook of the North fut tourné, qui est je pense l'un des premiers documentaires sur les inuits à avoir été tourné en 1920.
Si y'en a que ça intéresse, il est disponible ici.
Je suis actuellement dans un transit et j'aurai mon logement permanent vendredi. Je partagerai mon logement avec un chat qui s'apelle ; «Chat»! Ahaha! Dans le nord, les blancs n'ont pas grand chose à faire et s'invitent toujours à des soupers ou des «pot lucks» donc j'ai déjà eu mon premier souper hier. Oh et ici, chez les inuits, le sujet de la laïcité ne fait pas rage du tout. Même que j'ai eu la surprise de devoir me recueillir pour la prière en inuktitut qui se fait à chaque jour aux services sociaux avant de commencer la réunion hebdomadaire. J'ai vécu un espèce de dilemme intérieur car je ne suis même pas baptisée, ni n'ait suivi de cours de religion, ni ne croit en Dieu mais comme le dit le dicton ; à Rome on fait comme les romains alors je me suis recueillie un moment pour remercier la vie tout simplement.

Je vous reviendrai la semaine prochaine sur un épisode malheureux d'Inukjuak soit les déportations qui ont eu lieu dans les années 50 dans l'extrême arctique par le gouvernement du Canada et sur ma première semaine ici. Atsunai!