Ai tout le monde!
Je suis ravie de revenir sur un de mes thèmes de la semaine passée c'est à dire la gestion des déchets au Nunavik pour vous dire que... tenez vous bien... tout est en branle pour que le recyclage débute!! (pas demain, on s'entend) On a orienté mon regard sur un résumé d'un document très complet et tout frais sur la gestion des déchets dont j'ai pu prendre connaissance. Il y aura d'ailleurs des consultations avec la population du Nunavik en septembre sur ce thème. Donc, c'est pas encore fait mais c'est un projet qui émerge quand même! Pour ceux que ça intéresse plus en profondeur, (on sait jamais) le résumé du projet est disponible ici ; ;
http://www.krg.ca/images/stories/docs/Residual%20Material%20Management%20Plan/PGMR%20resume_fr.pdf
Petite parenthèse en passant, Nunavik signifie ; «le pays ou vivre» en inuktitut. Les inuits trouvent aussi très drôle quand nous disons le mot «aujourd'hui» en français car pour eux, dans leur langue, ce même mot écrit différemment bien sur mais prononcé similairement veut dire ; «plusieurs pénis»! Pas très pertinent comme information me direz-vous mais cocasse tout de même!
Je suis allée faire du mussels piking (ramassage de moule) cette semaine. En gros, aucun degré de difficulté ou presque, tu te promènes et avec un oeil averti, tu repères les moules et les ramasse. Après tu les laves et les cuisine selon ton bon vouloir. J'avais frette en titi par contre, j'étais pas assez habillée et j'ai tendance à oublier qu'il fait toujours plus froid sur le bord de l'eau. Les inuits ramassent les moules même l'hiver et quelqu'un m'a dit qu'il avait vu une inuk le faire à mains nues, pendant très longtemps en plein hiver. Je pense pas avoir la même tolérance au froid que les inuits à première vue... Voici des photos de ma collègue Janie.
Je reviens sur le problème du logement parce que l'air de rien on s'aperçoit vite que ce problème emmène beaucoup d'autres conséquences. Les femmes victimes de violence, en plus de souvent être dépendantes financièrement de l'homme, n'ont nulle part ou aller. Le refuge pour les femmes est un endroit temporaire ou vivre mais il n'y a pas, comme il y a au Sud, des appartements, des HLM et ect. Donc, même si la femme veut partir de chez elle, elle n'a souvent nulle part ou aller. Personnellement, c'est un peu frustrant de voir ça. J'aimerai m'informer davantage sur le manque de logement au Nunavik et le pourquoi du comment...Le Plan Nord pourrait investir la dedans au lieu d'investir dans des projets miniers polluants, non? Oh mais j'oubliais que loger des familles et des sans-abris n'est nullement rentable économiquement et coûte cher donc aussi bien les laisser dans la rue ou 15 par maison...Excusez le sarcasme... Il paraît qu'il y a plus de maisons qui se construisent actuellement car le Plan Nord est en branle mais bon... j'ai justement lu un article qui dénonçait un manque de volonté politique concernant le grand Nord.
«Les conservateurs, de leur côté, affirment avoir accompli «de gigantesques pas» en avant, et que le développement économique du Nord progresse comme jamais auparavant.» (?!?)
Autre frustration lié avec le manque de logement... il n'est pas rare qu'on entend que telle personne à jeté à la rue telle autre personne. Les raisons sont diverses et parfois valables mais il reste que les inuits pour la plupart ne font pas dans la dentelle quand ils ne veulent plus de quelqu'un. Il ne font pas vraiment de prévention non plus. Dans le sens qu'ils ne vont pas dire «oh ma vieille mère je n'en peux vraiment plus, je vais contacter les services sociaux et voir ce qu'il est possible de faire pour la relocaliser». Non, ils jettent la personne à la rue et ensuite la personne vient nous voir au services sociaux ou nous est référée et on doit excuser l'expression «se démarder avec».
Il y a des baguettes magique en plastique dans nos bureaux parce qu'on dirait que souvent les inuits s'attendent à ce qu'on fasse de la magie et qu'on règle tout par enchantement. Harry Potter ou est tu quand on a besoin de toi?
une des portes des services sociaux ou «l'endroit ou on vient chercher des miracles»
Selon la tradition, la porte des inuits est ouverte à tous. Vous vous souvenez, ils ne frappent pas avant d'entrer et une petite fille était entrée chez moi quand j'avais oublié de barrer la porte? Dans les faits, les inuits barrent de plus en plus leurs portes car des événements malheureux arrivent. Par exemple, on m'a raconté qu'a Noël quelqu'un avait laissé sa porte ouverte et un gars saoul est rentré et a agressé sexuellement les trois garçons de la maison...
Bref, je parle beaucoup des problématiques sans parler de leur origine à date mais souvent les abuseurs d'enfants ont eux-mêmes été abusés par des religieux dans le temps où le gouvernement envoyait les petits «sauvages» dans les pensionnats religieux pour les assimiler de force. C'est sans parler de la sédentarisation forcée que les inuits ont subie quand le gouvernement a organisé le massacre de tout les chiens de traîneaux des inuits pour les forcer à ne plus se déplacer et a occuper le territoire. Bref, je vais revenir un peu plus sur l'histoire éventuellement car elle a son importance mais ceci n'excuse pas cela.
C'est déjà ma 5e semaine ici que bien que certains jours sont très tranquilles (trop parfois) d'autres le sont moins. Je suis de garde cette semaine ce qui veut dire que je suis l'intervenante sociale disponible 24hrs sur 24 de lundi à jeudi. Je suis bien payée pour ça. Ça nuit juste à la qualité de mon sommeil un peu.
Je suis allée avec un groupe d'infirmières me promener dans la toundra en fin de semaine. Il faisait très beau lors de notre départ et le temps a changé brusquement (ce qui arrive souvent ici). La brume s'est levée sur la toundra ce qui fait que, bien que j'avoue ne pas avoir de sens de l'orientation à la base, nous nous sommes presque perdues. (Il paraît selon une des infirmières que nous les femmes n'avons pas une certaine substance dans le cerveau qui fait que nous n'avons pas d'orientation, ce n'est donc pas notre faute!). Nous avons donc marché au moins 4-5 heures dans la toundra pour nous rendre à une chute que nous n'avons finalement jamais vue et nous n'étions pas sures de revoir le village. Bref, tout une aventure qui est moins drôle quand on sait qu'une femme est déjà morte comme ça en se promenant dans la brume et en se perdant pendant trois jours dans la toundra... Je vais essayer de rester en vie pour les deux semaines qu'il me reste à passer ici! Hihi ;)
C'est tout pour cette semaine!
Atsunai!